Izzie ouvrit les yeux, son bras tendu vers l'affreux bruit qui venait de la tirer de son sommeil. Lorsqu'elle sentit sous son doigt une légère bosse, la Stevens n'hésita pas un instant et appuya dessus. Un autre BIP retentit, tandis que le jeune médecin repoussait précipitamment sa couette et sortait de son lit, poussant un juron contre son réveil qui n'était bien sûr pas en retard, ne serait-ce que d'une minute. Elle passa en vitesse sous la douche et après s'être habillée d'une simple tenue, la jeune femme récupéra un café ainsi qu'un muffin fait maison qui attendait dans le four depuis la veille au soir. Elle attrapa le trousseau de clé qui traînait sur le guéridon dans l'entrée avant de refermer derrière elle la porte d'entrée. Un bonjour à la voisine, un claquement de portière et la voilà partit pour une nouvelle journée de travail. Mais elle n'allait pas s'en plaindre, elle ne pouvait pas tout simplement, car elle aimait ce qu'elle faisait. Rencontrer une personne et faire connaissance, la rassurer, s'inquiéter, la sauver, encore la rassurer, faire comme si de rien était. Voilà le quotidien de la jeune femme. Pourtant chaque jour était une renaissance, une nouvelle chance de pardonner, une nouvelle chance d'aimer, une nouvelle chance de souffrir mais surtout une nouvelle chance de rendre les autres heureux.

Bref, voilà pourquoi Isobel se levait tous les matins, supportait l'infernale circulation qui annonçait le début d'un nouveau jour. En parlant de circulation, vivre à Seattle n'était pas toujours simple. Se rendre d'un endroit à un autre était une chose très difficile à accomplir lorsque l'on vivait dans cette ville. Mais pourtant avec le temps on s'y faisait, on apprenait à garder son calme lorsque le trafic était dense et on arrivait à l'heure, car au dernier moment tout se débloquait, tout au moins la file dans laquelle vous vous trouviez. Et la routine reprenait son rythme. Enfin, routine, pas tant que ça, car lorsque l'on est chirurgien, la routine n'existe pas. L'ennui n'existe pas. C'est un métier où chaque seconde compte et où chacune de nos actions peut-être décisive. Nous n'avons pas le droit à l'erreur.

Lorsque Izzie gara sa voiture à la même place que d'habitude, elle ne se douta pas que sont travail allait commencer avant même son entrée dans l'hôpital. La jeune femme sortit donc de sa voiture, toujours son café dans la main, l'autre libre dans tous les cas. On ne savait jamais ce qui pouvait nous arriver. La belle blonde se dirigea vers l'entrée du Seattle Grace Mercy West Hospital, un sourire pétillant éblouissant son visage. Alors qu'elle montrait sa carte à l'agent de sécurité chargé de refuser l'entrée à toute personne suspecte depuis la fusillade qui avait eu lieu, une jeune femme non loin d'où se trouvait la Stevens s'écroula au sol, inconsciente. Le premier réflexe du chirurgien fut sans doute de lâcher son café et de s'accroupir auprès de la jeune femme afin de vérifier son pouls. Elle était vivante, elle avait fait un malaise. Izzie se releva, toujours penchée vers l'inconnue et scruta les personnes aux alentours avant de s'avancer vers un groupe d'internes où l'un d'eux s'apprêtait à verser du sucre dans son café. La Stevens attrapa le petit paquet, lâchant un "Merci" en route avant de revenir auprès de la patiente.

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Dans l'inconscience... Et pourtant, tellement consciente en même temps. Du moins, assez pour entendre au loin les bruits de la ville : moteurs d’automobile, klaxons, brouhaha de discutions. Au loin ? Ce ne sont pourtant que des murmures tout proches de la jeune femme. Murmures de cris. Ils lui semblent si loin en étant, en vérité, si près. Une mère qui appelle son enfant, un véhicule qui klaxonne… Tout n’est qu’à quelques pas seulement de la pauvre anémiée. Mais elle ne le ressent pas, perdue dans les tréfonds sombres de l’inconscient humain.

Maryline Fersen restait assez consciente pour entendre une femme l’appeler, se présenter comme étant médecin et lui dire d’avaler. Avaler quoi ? La jeune femme l’ignore. Pourtant elle entrouvre, plus ou moins consciemment, les lèvres et le sucre coule dans sa gorge, la faisant suffoquer au bout de quelques instants. Incapable d’avaler la poudre de cristaux, la New-Yorkaise manque de s’étrangler avec le contenu du petit sachet que lui administre la professionnelle. Parce qu’elle ne sait plus commander son cerveau, la blondinette ignore comment faire pour remettre sa machine en route. Comment prendre ce sucre coincé dans sa gorge ? Si elle le pouvait, la jeune femme enragerait. Mais dans le cas présent, s’énerver lui était impossible. Et de toute façon, cela compliquerai les choses encore davantage.

La jeune femme était comme perdue dans un monde de ténèbres qu’elle ne comprenait pas. Avançait-elle vers l’hadès, ce royaume gouverné par les dieux souverains Hadès et Perséphone, fiers Roi et Reine des Morts ? Rien ne semblait la retenir, la rattraper, pour la ramener à la conscience. Etait-ce donc ça, la pré-mort ? Non, on ne meurt pas pour un simple manque de sucre, n’est ce pas ? Ont ne peux pas mourir simplement parce qu’on a sauté un petit-déjeuner, hein ?

Sa peau blanche, devenue sûrement plus pâle encore que d’ordinaire, devait trancher nettement avec la grisaille de la pierre. Une belle endormie ? Ont aurait put le penser, si la scène ne s’était pas déroulé dans les rues de Seattle. Oui, précisons bien la ville car, dans d’autres, comme Tokyo, il n’était pas rare de voir des gens s’octroyer une sieste sur une petite serviette, à même le sol. Mais allons, là n’est pas le sujet du jour.

Les cheveux de la belle s'étalaient comme une auréole sur les pavés, épars, tombant de chaque côté du délicat visage aux traits si fins. Ont aurait pût croire à un ange tombé du ciel, si des ailes blanches avaient ornées son dos, ce qui n’était point le cas, évidemment. Si douce, si belle. Comme une plante dont ont aurait coupé la tige pour la priver de sève, d’essence vitale à sa survie.

Un mot, un nom s'échappa des lèvres de la belle, de façon inconsciente, en un souffle. Le nom d’un homme qui en pouvait pas venir. Qui ne pourrait plus jamais venir. Et pour cause, il s’agissait de son mari, celui-là même qu’un assassin lui avait arraché quelques temps plus tôt seulement. Celui qui l’avait tant aidé, qui l’avait tiré des griffes de son sale demi-frère et de ses amis dingos.

« - Bastian... »

Papillonnant des yeux, enfin, Maryline ouvre les paupières pour redécouvrir le morne ciel hivernal et gris de Seattle. Que fiche t’elle ici ? Pourquoi, bon sang, n’a-t-elle pas opté pour une ville disons… plus clémente, côté températures et ciels bleus ? Ah oui, parce qu’on le lui a pas laissé le choix. Mais soit. Se relevant à demi, se sentant faible encore, la blondinette pose ses mains au sol, derrière elle, pour se maintenir en position assise alors qu’elle dévisage Isobel, à ses côtés. Qui est elle ?

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Le regard posé sur la jeune inconnue, Izzie attendait une quelconque réaction de sa part. Réagirait-elle à la sensation des petits cristaux de sucre fondant sur sa langue ou bien était-ce pire que ce que la Stevens avait imaginé ? Non, ce n'était qu'un malaise. Un son parvint aux oreilles du chirurgien, ou plutôt un prénom, Bastian. Qui était-il ? Enfin, qu'est-ce que cela voulait dire ? Mais là n'était pas le sujet, la jeune femme retrouvait ses esprits, peu à peu. Elle ouvrit alors les yeux, à nouveau consciente. Alors qu'elle tentait de s'asseoir, Isobel s'agenouilla à ses côtés, tenant toujours le paquet de sucre dans sa main, le contenu n'étant pas totalement vide. Contrairement à son habitute, Isobel ne souriait pas. Elle était sérieuse et inquitète pour la jeune femme qui se trouvait devant elle.


Bien entendu, Izzie savait très bien que la réponse n'allait pas être un "Oui, super ! Et vous ?!", sa question voulait plutôt dire "Est-ce que le sucre fait effet ?". La belle blonde avait déjà tant de questions à lui poser mais préférait y allait doucement, il était inutile d' "agresser" sa patiente, car oui, on pouvait la qualifier de patiente bien qu'elle n'était pas destinée à rester clouée dans un lit d'hôpital. Plongeant son regard dans celui de l'inconnue, la Stevens était bien détérminée à ne pas la laisser retourner à ses occupations comme si rien ne s'était passé.

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Marilyne regardait tout autour d’elle, cherchant à comprendre où elle était et pourquoi les gents courraient dans tout les sens avec cet air pressé. Puis le regard océan se posa sur la blonde assise aux côtés de l’agent immobilier, qui se présentait comme étant Isobel. Mais pourquoi allait-elle s’occuper d’elle ? Lyn n’en savait rien, ne comprenait rien, de ce qui arrivait. Et de quoi fallait il qu’elle se sente mieux ? La demoiselle ne comprenait plus rien à rien. Et puis elle avisa les blouses et comprit alors qu’elle se trouvait, tout bêtement, à l’hôpital. Probablement au Seattle Grâce Mercy West… vu qu’il ne restait que lui dans les environs.

Izzie s’inquiétait, apparemment, de savoir comment allait l’agent immobilier, qui finit par dire que tout allait très bien, avant que la chirurgienne lui demande d’attendre patiemment. La blonde avait des questions à poser et la jeune femme « blessée », se demandait bien, quand à elle, de quoi il retournait et ce que signifiaient ces histoires de non-dit.

«- Je crois que je suis prête mademoiselle. » déclarât alors Maryline, qui ne bougeait pourtant pas d’un pouce, occupée qu’elle l’était à attendre qu’on l’aide ou lui donne davantage de détails sur la suite des opérations. Qu’est-ce-que cette fille, qui au fond n’était qu’une inconnue, serait elle capable de faire à la demoiselle ? Celle-ci l’ignorait. Ne connaissant par Izzie, elle aurait pût simplement refuser des examens plus poussés. Mais elle se sentait en sécurité là, et puis Isobel était une femme, ce qui la rassurait également. Aussi, la patiente suivait la chirurgienne, se laissant guider dans le dédale de couloirs pour parvenir jusqu’au bon service.

Enfin, les deux femmes s’installèrent dans une salle vide et Marilyne prit place dans un fauteuil, attendant docilement que la suite du programme lui soit divulguée.

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Izzie ne savait pas si la jeune femme réalisait ce qui venait de lui arriver ou non, celle-ci disant aller mieux. Était-ce réellement le cas ? La belle blonde en doutait bien qu'elle voyait que son état s'était amélioré, au moins n'était-elle plus dans les pommes. Ne quittant pas la femme du regard, elle se demandait toujours quel était son prénom. Elle décida de ne pas l'interroger à ce sujet, préférant se concentrer sur l'essentiel pour le moment. Après tout, elle pouvait toujours lui demander plus tard, quand elle serait certaine que tout allait bien. L'inconnue déclara alors qu'elle était prête, prête à se relever et à entrer dans le bâtiment. L'aidant à se remettre sur ses deux jambes, Isobel présenta son badge avant de traverser quelques couloirs jusqu'à atteindre le bon endroit. Elle n'allait rien faire à la jeune femme, si ce n'était que l'interroger.


Elle regarda la jeune femme, attendant une réponse de sa part. Elle se souvint alors de ce qu'elle avait entendu : "Bastian". Devait-elle lui poser quelques questions à ce propos ou le remettre à plus tard ? Lâchant un léger soupir, le chirurgien adressa un petit sourire à sa patiente avant de reprendre.


Elle marqua une courte pause, regardant toujours la jeune femme d'un air interrogateur puis décida de parler.

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Bastian. Le regard de la demoiselle se voila et elle ne se préoccupa alors plus du reste. Son cher et tendre aimé, l’homme de sa vie, celui qui l’avait sauvé des griffes d’un monstre, sauvé des griffes de l’ignominie. Bastian, qui était mort si peu de temps après qu’ils aient touchés leur rêve du bout des doigts. Bastian, partit trop tôt et laissant derrière lui une jolie veuve blonde éplorée. Bastian au sourire qui effaçait tout les maux, Bastian qui ne sourirait plus jamais. Bastian, Bastian, Bastian. Le nom de son amour perdu résonnait dans son esprit, prenant toute la place libre.

Une larme roula sur sa joue, précédant les sanglots qui ne tardèrent pas à se manifester. Mais pourquoi le seigneur l’avait-il donc rappelé auprès de lui ? La jeune femme l’ignorait : les voix du seigneur sont impénétrables, n’est-ce- pas ? Tout ce qu’il lui restait désormais, c’était une tombe et le souvenir de bonheurs anciens, aujourd’hui eux-aussi détruits. Morts en même temps que Bastian, en fin de compte.

«- C’était mon fiancé, avant qu’il ne soit abattu en rentrant du boulot. Le criminel n’a jamais été confondu. Et je ne peux pas l’identifier puisqu’il portait une cagoule, lorsque le l’ai vu quitter son logement. Bastian était dans les forces de l’ordre… Un jour j’ai eu besoin d’aide et c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés. Mais aujourd’hui, aujourd’hui il est mort et je ne sais toujours pas à qui remettre la faute de ce manque continuel que je ressens en mois… Vous comprenez ce que je veux dire ? »

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Isobel regretta bien vite sa question lorsqu'elle vit le visage de la jeune femme se décomposer. De toute évidence, lui rappeler le nom de cette personne la rendait malheureuse et triste, bien joué Izzie. Mais ce qui l'étonna le plus, c'est que l'inconnue se confia à elle, elle ne l'envoya pas poliment aller se mêler de ce qui la regardait, non. Le chirurgien affichait à présent un air triste, comme à chaque fois qu'elle voyait une personne qui l'était aussi. C'était plus fort qu'elle, la Stevens ne pouvait faire autrement. Ce Bastian n'était autre que son fiancé, son fiancé décédé... Le regard de la belle blonde se troubla, les souvenirs remontant à elle. Denny. Lui aussi était son fiancé, il venait de la demander en mariage...


Izzie s'approcha de la jeune femme, posant une main délicate sur son épaule. Elle plongea ses yeux bleus dans ceux de son interlocutrice, elle était prête.


Le jeune médecin baissa la tête, sentant la tristesse l'envahir de toute part. C'était dingue non ? Elle prononçait à peine son prénom, elle ne faisait que penser à lui et tout lui revenait comme si elle était en train de revivre la scène. Tendant le bras, Isobel attrapa la boîte de mouchoirs posée sur la table basse et en tendit un à la jeune femme. Qui aurait pu croire qu'elles avaient ce point là en commun une heure plutôt, alors qu'elles ne s'étaient jamais vues ?

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Le regard perdu, la demoiselle fixait le mur qui lui faisait face et les larmes coulaient sur ses joues. Elle n’entendait plus rien, ne voyait plus rien. Seules ses pensées s’imposaient à son esprit dans une folie quelque peu autodestructrice. A tel point que la jeune femme avait raconté sa véritable histoire au médecin, au lieu de raconter celle qui est la sienne depuis qu’elle est inscrite au service de protection des témoins. Terrassée par la douleur qui a empoigné son cœur, la demoiselle oubliait toute les règles de sécurité, ce qui n’était pas sans danger. Comme le lui avait dit les gardes chargés de sa sécurité, n’importe qui pouvait infiltrer n’importe quel endroit de sorte à se rapprocher d’elle pour la liquider. Même dans un établissement aussi imprévisible qu’un hôpital. Nul ne pouvait prévoir un problème de manque de sucre mais il lui fallait tout de même se méfier. Réalisant son erreur, la demoiselle eut un sourire gêné avant de s’adresser à la demoiselle à ses côtés.

«- Je comprend naturellement votre peine et sachez que je suis de tout cœur avec vous. Néanmoins j’ai fais une erreur je… Je ne sais comment dire… Je suis inscrite au service de protection des témoins et… oubliez tous ce que je viens de dire, d’accord ? Ma véritable histoire ne doit plus exister. J’ai fais une bêtise énorme. Je vous en prie. Ne dîtes rien. Jamais rien, même si on vous questionne… Je pourrai être tuée, pour avoir fait cette bêtise… » murmure Pandore, aujourd’hui appelée Maryline, avec un air totalement terrifié. Mortifié, la jeune femme a peur que la blondinette qui lui fait face refuse. Ou pire : si elle était torturée pour dire ce qu’elle savait ? Maryline s’en voudrait probablement toute sa vie. D’un autre côté, c’était un risque encouru par Izzie pour le simple fait de l’avoir côtoyé quelques instants… Maryline était mortifiée.

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Séchant les quelques larmes qui descendaient le long de son visage, la jeune femme se ressaisit, elle ne devait pas paraître faible, elle était médecin, ses patients lui faisaient confiance. Elle était une sorte d'exemple pour la plupart : ne pas fumer, ne pas se piquer, respecter les règles pour "vivre en bonne santé". Celles-là, tous les connaissaient, sans pour autant les respecter. Izzie savait que le rôle qu'elle occupait était d'une grande importance alors tant qu'elle se trouvait dans cet hôpital, elle se montrerait au mieux qu'elle le pouvait. Se redressant sur son siège, elle regarda la jeune femme, esquissant un très léger sourire. Pourtant, alors que sa "patiente" reprenait la parole, le visage de la blonde changeait d'expression, à la fois surprise parce qu'elle entendait mais aussi perdue. Comment ça elle devait tout oublier ? Une erreur ? Service de protection des témoins... La jeune femme ouvrit la bouche mais ne dit rien, réfléchissant un instant. Son interlocutrice avait sûrement vécu quelque chose de grave et d'important pour passer sous silence tout son passé. Acquiesçant, Isobel posa une main délicate sur celle de la jeune femme, la regardant désormais dans les yeux.


Elle se releva et alla reposer la boîte de mouchoirs sur la petite table avant de retourner auprès de la jeune femme. Si elle ne pouvait en savoir plus sur sa véritable identité et sur sa vie, elle pouvait tout au moins lui demander son prénom, afin de savoir comment elle devait l'appeler.

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Marilyne semble se calmer lorsque la femme blonde lui répond qu'elle ne dira rien au sujet de ce qu'elle vient d'entendre. La jeune demoiselle s'en trouve soulagée car le service de protection des témoins lui avait bien dit d'oublier son passé, d'oublier ce qu'elle était et qui elle était. Elle avait toujours bien appliqué la règle du silence, depuis son changement d'identité et son déménagement. Alors Lyn ne savait pas trop pourquoi la vérité avait éclaté auprès d'Izzie aujourd'hui. Peut-être à cause de son malaise. Peut-être que celui-ci la rendant vulnérable, elle avait un peu perdue les pédales.

«- Je m’appelle Pandora. Enfin, ça c'est mon vrai prénom. Aujourd'hui on m'appelle Maryline Fersen. Je suis Agent Immobilier et j'ai mes bureaux pas loin de l'hôpital. J'étais presque arrivé au travail quand j'ai perdu connaissance. D'ailleurs vous savez me dire ce que j'ai eut Mademoiselle ?» questionne la demoiselle, ses grands yeux bleus rivés dans ceux, de la même couleur, de la chirurgienne qui prend si bien soin d'elle.

Maryline porte son regard sur la jeune femme qui disait avoir beaucoup souffert elle aussi et quelque part, cela se ressentait en la voyant. La demoiselle en avait l'impression en tout cas et cela la chagrinait au fond de son être. Pourquoi les meilleures personnes partent-elles trop tôt où sont condamnés à la tristesse et au malheur ? Lyn ne comprend pas. Elle sait simplement que ce n'est pas juste et qu'elle a une furieuse envie de prendre son interlocutrice dans ses bras afin que l'une et l'autre se consolent, se soutiennent et se remontent le moral.

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Izzie était soulagée que la jeune femme lui fasse confiance, elle savait qu'il était difficile d'écouter quelqu'un qu'on ne connaissait pas et de lui faire confiance mais elle, elle l'avait fait. Peut-être que c'était grâce à son titre de médecin, ou tout simplement car elle ne paraissait pas méchante, au contraire. Elle attendait à présent une réponse de l'inconnue qui lui expliqua qu'elle s'appelait Pandora mais que sa véritable identité était cachée derrière le nom de Maryline Fersen. Elle l’appellerait donc Maryline, bien que Pandora était un prénom magnifique. Esquissant un petit sourire, la jeune femme prit la parole :


Alors comme ça elle était agent immobilier et travaillait non loin de l'hôpital... Peut-être pourraient-elles se revoir un jour, boire un verre chez Joe après son dernier service ? Même si elles ne se connaissaient pas, Izzie appréciait déjà Maryline, elles avaient pas mal de points communs, même s'ils n'étaient pas joyeux, elle sentait quelque chose, un lien qu'elle ne pouvait expliquer. Relevant les yeux, Isobel sortit de ses pensées en entendant Maryline qui s’interrogeait à propos de son "accident", le pourquoi s'était-elle évanouie.

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Avec un sourire plein de gratitude pour Isobel, lorsque cette dernière décrète qu’elle l’appellera Maryline puisque c’est son nom désormais, la gérante de l’agence immobilière essaye de dire merci mais aucun son ne veut sortir d’entre ses lèvres. Peut-être parce qu’elle ne trouve pas les mots pour exprimer ce qu’elle ressent. Alors elle se contente de se taire et d’observer la grande blonde qui lui fait face et qui ne tarde pas à combler ses interrogations quand à son état de santé. Soudainement, la New-Yorkaise se sent terriblement idiote. A-t-elle mangé ce matin ? Elle fait mine de réfléchir mais sait très bien que la réponse est négative. Et elle sait que c’est une mauvaise idée, de ne pas prendre de petit-déjeuner mais d’un autre côté, elle est partit de chez elle tellement à la bourre… elle n’a pas eut le temps de penser à prendre de quoi manger, ne serait-ce qu’un petit pain au chocolat, qui lui aurait toujours calé, au moins un peu, l’estomac.

«- Je sais que c’est idiot mais non, je n’ai pas mangé ce matin. Rien depuis hier soir et à vrai dire, le repas n’était pas bien copieux alors je dirai que euh… je n’ai rien mangé depuis hier midi en fait. »

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Izzie fit de grands yeux, surprise par la réponse de Maryline. Elle se doutait que celle-ci n'avait pas mangé, mais depuis autant de temps, ça, elle n'y avait pas pensé. Elle se demandait bien comment les gens pouvaient faire pour ne pas manger, ne serait-ce qu'un petit quelque chose afin de combler le vide. Isobel aimait manger, mais cuisiner encore plus. Alors sauter un repas, ce n'était vraiment pas son genre. Prenant un air plus sérieux, la jeune femme reprit le rôle qu'elle occupait, celui de médecin.


Regardant Maryline dans les yeux avec un regard qui s'avérait être insistant, Isobel n'était pas certaine que sa patiente lui obéisse. Elle ne la connaissait pas, bien que celle-ci paraissait fragile et inoffensive. Mais que pouvait-elle de faire plus ? Elle ne pouvait pas l'obliger à manger, et encore moins dans l'instant. Elle ne pouvait pas non plus l'accompagner à la cafétéria, ses patients avaient besoin d'elle. La seule chose qu'elle pouvait faire afin de s'assurer que la jeune femme ne loupe aucun autre repas était de lui donner rendez-vous.

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